| 	Randonnée en vélo en France  | 
  
| La température fraîche, 
    sinon froide, et les journées courtes d’octobre influenceront la randonnée 
    « Sur les routes de Jeanne d’Arc ». 
  | 
  

| 
     6 octobre Q uand je me suis levé au camping d’Onzain, il y avait gel au sol; mais je n’ai pas eu froid. J’ai bien dormi.Rituel quotidien : démonter la tente, déjeuner (banane, pain, beurre, raisin). Je pars à 8 h 30 pour Tours. Toujours cette même route plane qui longe la Loire, l’air est frais; heureusement que j’avais apporté des gants chauds, je passe devant Amboise où je n’arrête pas (comme nous avons, ma femme et moi, déjà visité les principaux châteaux de la Loire, je les écarte de mon trajet). À Vouvray, à quelque 15 km du centre de Tours, je m’arrête à un Office du tourisme pour obtenir la carte de la région pour localiser Francueil où demeure des amis; à ma grande surprise, ce bourg est plutôt au sud d’Amboise sur la route de Loches ; j’avais tellement l’impression que c’était dans la région de Tours que je n’avais pas pris la peine, avant de partir, de vérifier. Je téléphone chez les amis H, un message sur le répondeur me laisse avec l’impression qu’ils sont partis pour peu de temps; je prends la chance et je retourne sur mes pas, mais du côté sud de la Loire, sur la N 76, que je trouve moins « touristique ». 
 À Bléré, sur le bord du Cher, je prends le temps de dîner avec les restes de mon souper d’hier soir. J’arrive donc chez les H. à 14 h30 sous un soleil radieux ; il fait 18e au soleil. Heureusement, la porte d’entrée sur la propriété n’est pas fermée à clef : un autre indice qui me laisse espérer qu’ils soient absents temporairement. J’étends la toile de ma tente pour la faire sécher ; je la plie toute mouillée chaque matin; j’en profite pour nettoyer le polythène avec un boyau que je trouve près du cabanon. Puis, j’attends, installé à la table devant l’entrée principale. Je lis le 2e tome des Rois maudits. À l’occasion, je vais faire une marche dans la rue des Sources; je reconnais vaguement la maison chez qui nous avions été en 1987, mais la rue demeure déserte jusqu’à 18 h, alors qu’arrivent M et Mme M. qui demeurent en face, l’autre côté de la rue. Je vais me présenter, ne serait-ce que pour éliminer toute ambiguïté. Ils m’informent que F. et D. sont partis depuis plus de deux mois et qu’ils ne savent pas quand ils reviendront. Ils se montrent très accueillants et m’offrent de répondre à mes besoins éventuellement. J’installe donc ma tente sur le gazon avant de souper. 
  | 
  
| 
     7 octobre C e matin, je me réveille sous un soleil qui annonce une journée éclatante. Mais l’humidité du matin rend de plus en plus pénible le rangement de la tente. Je l’essuie du mieux que je peux avec une éponge. Le bourg (950 h.) est calme, il faut dire que c’est un samedi. Très rapidement, je me retrouve en plein champs de vigne, à travers lesquels la route se perd. Environnement que je recherchais. Un beau moment de ma randonnée! Des routes se croisent, je roule cap vers le sud-ouest. Les rares âmes qui vivent sont des cyclistes en groupe ou seuls. J’en arrête un sous prétexte de m’informer de la direction de Loches. Ça permet de partager mes impressions.J’arrive à Loches tôt dans l’après-midi. Après Domrémy et Orléans, Loches représente un objectif important du voyage. C'est dans une des salles du Logis royal que Jeanne d'Arc était venue en mai 1429 rencontrer le Dauphin Charles VII pour le convaincre d'aller à son couronnement à Reims. Loches, c’est aussi la ville de naissance d’Alfred de Vigny, né en 1797. 
 Avant d’entreprendre la visite, je m’installe d’abord au camping La Citadelle en bordure de l'Indre aux pieds des remparts de cette cité médiéval, à 5 minutes à pied du centre-ville. Pour une première fois du voyage, il me faut de l’argent de poche ; c’est le temps d’expérimenter ma carte guichet Desjardins. Je trouve rapidement au centre-ville un guichet extérieur de la BNF ; même si je suis un habitué de la technologie, je reste toujours un peu stressé devant ces appareils. Heureusement, tout se passe bien. J’ai tout le temps pour visiter La Collégiale Saint-Ours et, surtout, les salles du Logis Royal consacrées l’une à Agnès Sorel, favorite de Charles VII, la seconde à Anne de Bretagne et la troisième à Jeanne-d’Arc. La légende dit qu’elle avait reconnu le roi (qui s’était déguisé en valet), alors qu’elle ne l’avait jamais vu. 
 Avant de rentrer au camping, j’achète le troisième tome des Rois maudits dans une librairie. Entre nous, il ne me coûte pas cher; au moment où je payais, mon regard s’est porté sur les titres de livres à côté et j’ai vu un beau 100 francs qui attendait qu’on le prenne; le hasard a voulu que ce soit moi... Puis, je vais remplir mon garde-manger chez un marché LECLERC pour un montant de 120,30 FF (24,39 $). Dans la soirée, je vais faire un tour à Beaulieu les Loches, à peine à un kilomètre de la Porte des Cordeliers. Je me contente de voir l’extérieur des points d’intérêt, tels l'Hôpital du XVIIe siècle, l'Hôtel d'Armaillé devenu la sous-préfecture et le Château de Sansac, où François Ier reçut l'empereur Charles Quint le 1er décembre 1539. 
  | 
  
| 
     8 octobre J e quitte Loches, le temps est incertain. C’est regrettable; la route Loches Chinon, bien que vallonnée, me semble intéressante; je prends la D760, direction ouest. Après une demi-heure de vélo, à Manthelan, la pluie tombe drue et le vent frappe de front; je m’arrête sous une galerie face à l’église; c’est dimanche, les paroissiens sortent de l’église. Je revêts mon habit de pluie et recouvre chacune de mes sacoches de la toile de protection.La pluie persistera jusqu’à Chinon, 50 km plus loin. Arrivé au camping, je me change, car je suis trempé des pieds à la tête; je lave mon linge, étends le linge, et je dîne sous un abri puisqu’il continue toujours à pleuvoir. Puis le soleil se remet à poindre vers 14 h 30 ; je dresse alors la tente et pars visiter le château de Chinon. 
 C’est dans ce château qui domine la vallée de la Vienne que, le 25 février 1429 au soir, Jeanne d'Arc est reçue par Charles VII, deux jours après une longue chevauchée de onze jours qui l’a conduite de Vaucouleurs à Chinon avec la petite troupe que lui avait confiée le capitaine Jean de Baudricourt. Avant d’entrer au camping, je parcours les vieilles rues du Vieux-Chinon, où je rencontre une Québécoise de 3-Rivières qui est venue faire les vendanges dans la région. On demeure dans le même camping. Je m’achète pour souper une baguette de pain et une quiche au jambon toute chaude. Pendant le souper, un voisin de camping de la région de Paris est venu bavarder ; il travaille à la surveillance des stations électriques nucléaires et m’explique tous les dangers de ce type d’énergie. Au moment où je m’apprête à me coucher, je reçois la visite de la Québécoise, qui passe me saluer. 
  | 
  
| 
     9 octobre I l est 9 h 31, je fais sécher mon linge dans une sécheuse publique. En attendant, j’écris ma enième lettre à la famille. Ce matin, je file vers le nord. Le ciel est beau, quelques nuages. Voilà, pour 8 FF, j’ai des vêtements secs.Je traverse quelques petites communes pittoresques: Bourgueil, où je m’entretiens avec des vendangeurs aux moyens très mécanisés; Giseux où je dîne vers 13 h; Parcey-les Pins et Breil. 
 Je suis surpris de me rendre si tôt au Lude. 	 La route, à ma grande surprise, est plane et un fort vent du sud-ouest m’a favorisé toute la journée. À 15 heures, après 70 kilomètres de route, j’installe la tente dans un camping en principe fermé, bien que j’y vois quelques tentes. Je n’ai pas le choix, j’y entre en passant facilement entre la barrière et le poteau de garde. Puis je vais acheter la nourriture pour ce soir et demain. En sortant du supermarché, le temps se noircit; j’ai cependant le temps de me rendre au camping, de prendre mon temps pour souper avant que la pluie ne commence. On annonce de la pluie pour la nuit et même pour demain; s’il faut, je resterai deux soirs ici. Je passe la soirée à lire et à écouter la radio. 
  | 
  
| 
     10 octobre – Lude C ette nuit, c’a été de la pluie soufflée par un fort vent; mais là où est dressée la tente, je suis protégé par une haie dense et je sens à peine le vent.Cet avant-midi, je me rends au centre-ville, espérant trouver un poste Internet. Il y en a un à la bibliothèque municipale, mais elle n’est ouverte qu’à partir de mercredi à 14 h. L’Office du tourisme ouvre à 10 h, je m’y rends pour m’informer des campings près de Le Mans ; si je ne trouve rien, je filerai sur Alençon et je coucherai dans un hôtel s’il le faut. Je rentre au camping vers 11 h 15, je lis un peu sur un banc, profitant d’un court moment de soleil entre deux cumulus nimbus. Je me sers du parapluie pour me couper du vent ; je me sens bien. En rentrant au camping, la gardienne du camping m’a sûrement vu et vient me voir, s’étonnant de ma présence. Les quelques jeunes qui vivent ici sous la tente sont des cueilleurs de pommes et y resteront jusqu’en novembre. Elle voit bien que je n’ai pas l’air d’un pomiculteur. Je me présente et lui dis que je partais le lendemain. Elle me semble satisfaite et part sans demander son dû. Je me sens ainsi plus rassuré. Cet après-midi, le ciel est nuageux et le nord-est est très sombre. Je me trouve un petit coin dans le lavoir, à l’abri du vent froid. Je lis et j’essaie de vivre le moment présent. À 17 h, je me rends au centre-ville pour essayer de me trouver de la nourriture chaude. Le seul mets que je trouve, c’est une pizza à 10 FF dans un marché. Il est 18 h 07. Quatre jeunes arrivent et montent leur tente, ce sont sûrement de nouveaux cueilleurs de pommes. 
  | 
  
| 
     11 octobre 
 L es 48 km du Lude au Mans sont sans histoire.J’avais espéré coucher au Mans, mais aucun camping n’est ouvert; l’Office du tourisme me confirme que celui de Conlie sur la D304 l’est. Ce qui me sourit moins, c’est qu’il est à 22 km au nord-ouest du Mans, en dehors de la route d’Alençon. Mais je n’ai pas le choix. Le camping municipal de la Gironde est situé au pied de la localité sise au sommet d’une colline. Aucune présence à l’entrée. Il est très beau, mais les services sont coupés, sauf un robinet à l’extérieur. Je choisis un terrain entouré de haies. J’avais vu un Super U à l’entrée du bourg, j’y retourne pour faire mon marché de la journée 117,80 FF (24,03$). Au souper, j’ai de la compagnie, un jeune chat affamé qui s’ennuie probablement des touristes d’été. J’accepte de partager ma baguette de pain avec lui. 
  | 
  
| 
     12 octobre À 9 h, au moment de quitter le camping, une surprise m’attend: une crevaison au pneu arrière. Je dois enlever l’ensemble des sacoches, démonter le pneu et identifier le trou à peine gros comme la pointe d’une épingle. Je vérifie l’intérieur du pneu, tout me semble beau; je répare le tube, je replace le tout, etc. Et je repars tout confiant d’un travail bien fait. Je n’ai pas fait 5 km que je sens le même pneu se dégonfler; le ciel est à la pluie, quelques gouttes tombent; heureusement, je suis près d’une ferme et le fermier, d’une soixantaine d’années, travaille dehors; je lui demande de m’installer dans le hangar tout ouvert. Pas de problème, je refais le même travail que le matin, examine plus à fond l’intérieur et l’extérieur du pneu et je vois bien une fine pointe de métal dans le pneu qui, sous la pression, entrait perforer le tube; je remplace le tube par un neuf de rechange. Entre temps, le ciel se dégage et je continue ma route vers Alençon à travers de belles petites communes très anciennes, non retapées, dont Fresnay-sur-Sarthe qui restera un de mes beaux souvenirs. J’ai dîné là dans le jardin du château (10e siècle) qui surplombe la Sarthe et sa vallée. 	 J’arrive à Alençon vers 14 h 30. Je passe devant un commerçant de vélos et j’en profite pour faire gonfler mes pneus. Je me rends par la suite à la poste pour correspondre par Internet. J’avais, la veille, en passant par Le Mans, acheté une carte au coût de 50 FF, qui me donne le droit à 1 h 30 d’usage Internet ; j’en avais utilisé au Mans 30 minutes. Mais, tout en verrouillant mon vélo près du bureau de poste d’Alençon, je fais la connaissance d’un agent de contravention. On parle un peu de tout et du but qui m’amène à la poste. Il m’informe que, dans une annexe de la mairie, à 5 minutes de marche, une dizaine de postes Internet sont mis à la disposition de la population, et ce, gratuitement. Je suis son conseil ; ainsi je peux réserver à 16 h 45 un 45 minutes de communication ; en attendant, je me rends à l’Office du tourisme et j’erre dans les rues piétonnes. À 17 h 30, je m’attarde encore un peu au centre-ville avant de me rendre au camping de Quéramé sur le bord de la Sarthe, à peine à 5 minutes de vélo du centre-ville. 
  | 
  
| 
    
     13 octobre Avant de quitter, je m’attarde encore dans le centre-ville d’Alençon, revoyant l’intérieur de la cathédrale. Je visite Sées sur la période du midi, j’entre dans la belle cathédrale gothique, chef-d’œuvre du 13e siècle normand et français; je dîne sous la surveillance du clocher. À 15 h, je m’installe au camping Le Val de Baize à 3 km du centre d’Argentan.
 Un soleil radieux me réchauffe, entre deux nuages. Pour une fois, j’ai une table à pique-nique près de la tente. Je me paie une heure de lecture; puis je me rends à Argentan poster une lettre et aller à l’Office du tourisme, situé dans la chapelle Saint-Nicolas sur la place du Marché, pour vérifier mon courrier électronique; un courriel me confirme le lieu de la conférence-vidéo du 16 octobre: Caen. J’en profite pour téléphoner à M. Pierre Billaux de Chambois pour l’informer de mon arrivée. On se donne rendez-vous chez lui le lendemain vers 11 h. Avant de rentrer au camping, je déambule dans les rues de cette ville de plus de 17 000 habitants. Pour celles qui s’intéressent à la dentelle, on retrouve le point d'Argentan.  |