Randonnée en vélo
 en France
 
14 octobre

Je suis arrivé chez M. Pierre Billaux à 11 h 30 le samedi 14 octobre après un trajet de 12 km qui me séparait d'Argentan, où j'avais dressé ma tente la veille: une courte randonnée matinale en vue, n'eût été la côte abrupte de Crennes que je devais traverser avant d'arriver à destination ; n'en déplaise à ma fierté, je suis descendu du vélo pour en atteindre le sommet.

Je me présente à Chambois au moment où M. Billaux s'apprêtait à recevoir un groupe de l'Ordre des palmes académiques de Caen. Je le savais, puisque la veille il m'en avait parlé par téléphone. Cette rencontre était organisée autour du thème de la résistance française en 40­45 et visait à récompenser des élèves de Caen qui s'étaient illustrés dans un concours sur la résistance française; M. Billaux, étant un ancien résistant emprisonné, puis déporté en Allemagne, était donc particulièrement au centre de cette rencontre. Ajoutons que Chambois écrira une page importante aux derniers moments de la guerre en 44.

 

Quand, à mon arrivée, le groupe a appris que j'étais canadien, il a trouvé tout à fait symbolique ma présence au dîner et je fus, pour une deuxième fois dans mon voyage, invité cette fois-ci à l'Hôtel du Donjon, situé juste en diagonale avec la maison de M. Billaux, par cet Ordre (la première fois fut à Roanne). J'ai même eu l'honneur de manger à la table de M. Jacques Vico, vice-président national des combattants volontaires de la Résistance. C'est un conteur né, aidé d'une mémoire faramineuse. Nous n'avons pas d'idées au Québec de ce qu'a représenté la résistance en France, avec tout ce qui a pu avoir d'héroïsme et, aussi, de trahison.

Après le délicieux et copieux repas, M. Billaux et sa femme m'ont conduit à Caen; mais avant, nous nous sommes rendus à Pontigny, où demeure le frère de M. Billaux, pour voir une exposition sur l'ancienne mine de fer de Pontigny, dans le cadre du salon du livre organisé, entre autres, par les éditions Cahiers du Temps ; se tenaient aussi des ateliers d'écriture pour les enfants sur ce thème de la mine. Puis nous avons pris le chemin de Caen, direction le cimetière canadien où est enterré Fernand Lessard, 22 ans à peine, né à la Durantaye. M. Billaux avait réussi auparavant à rejoindre le groupe de touristes québécois et lui avait donné rendez-vous à cet endroit à 17 heures. Nous sommes arrivés quelques minutes avant l'heure, le temps pour M. Billaux de préparer les effets pour la cérémonie qui devait se dérouler devant la tombe du soldat Lessard : sac de terre, rosiers, eau, pelle, que lui-même avait achetés. Tout le monde fut à l'heure et j'ai eu l'honneur de planter le rosier au pied de la croix blanche du jeune combattant. Ce fut un moment fort émouvant et le groupe québécois put voir dans ce geste la grande générosité de M. Billaux.

15 octobre

La journée de dimanche 15 octobre a été aussi très intense. Le groupe des touristes québécois est arrivé à 10 h 15. Après une courte réception informelle à la Mairie, nous nous sommes rendus à l'église pour la messe de 11 h. Je dois préciser que c'est sur l'intervention de M. Billaux que la messe, qui devait être chantée dans une commune voisine, l'a été à Chambois pour mieux souligner la présence des visiteurs québécois. La messe a été concélébrée par l'abbé André Lessard, qui faisait partie du groupe des Québécois. Après le prône, je me devais, au nom du groupe, de saluer les cousins français et de faire ressortir certains éléments qui me semblaient conférer à cette rencontre un caractère officiel : la présence du maire, M. Michel Quillien, le côté religieux, compte tenu de la grande dévotion d'Étienne qui s'est manifestée par la donation d'un terrain pour la  construction des trois premières églises de Sainte­Anne-de-Beaupré, la présence de quatre membres du conseil d'administration de l'AFL (Réjean, François, Laurent et moi-même) et, enfin, le fait que, pour la première fois, l'Association utilisait son nouveau blason, dont une copie a été remise à la mairie.


Connaissant tout le travail accompli par Pierre et Paulette Billaux, je me devais aussi de profiter de la circonstance pour souligner le travail énorme qu'ils ont accompli pour faire connaître non seulement Étienne Lessard à Chambois, mais aussi Chambois dans le monde, à travers les milliers de Lessard en terre d'Amérique, particulièrement au Québec.

La messe, ce fut la photo d'usage,

 

 des rencontres avec la Presse et le cocktail très bien organisé de la commune à la Mairie, suivi de la signature du livre d'Or de Chambois par tous les membres du groupe et des Lessard français venant de Caen, de Lisieux, d'Évreux et même de Belgique.

 

 Puis tout ce beau monde s'est rendu fraterniser à l'Hôtel du Donjon où il en est sorti vers 15 h 30. M. le Maire, étant retenu pour un autre dîner officiel, s'est fait représenter par M. Philippe Langeard, son adjoint. Des entretiens que j'ai eus avec M. l'Adjoint est ressortie une certaine volonté d'entretenir des liens privilégiés entre Chambois et l'Association.

 

Puis, ce fut un premier adieu avec les Lessard de France et de Belgique. M. et Mme Billaux et moi sommes montés dans l'autobus nolisé par le groupe québécois pour visiter le mémorial de Coudehard-Montormel, qui rappelle la bataille de la poche de Falaise-Chambois, étape déterminante dans la libération de la France. Tout au long du trajet de quelques kilomètres, M. Billaux a résumé les faits glorieux de la lre armée canadienne, de la 2e division des blindés française et de la 3e armée étasunienne contre une armée allemande bien déterminée à se défendre. Cette victoire des alliés, le 22 août 1944, marquera la fin de la bataille de Normandie.

 

L’autobus nous a ramenés à Chambois et ce fut une autre fois les adieux avec le groupe québécois.

 

Quant à moi, mon voyage devait se poursuivre...

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